Après avoir fait défaut, l’Argentine ne s’avoue pas vaincue

La crise de la dette argentine se double maintenant de tensions diplomatiques entre Buenos Aires et les Etats-Unis. Jeudi 31 juillet, lors de sa conférence de presse quotidienne, le chef du gouvernement argentin, Jorge Capitanich, a eu des mots très durs contre les Etats-Unis, l'accusant d'avoir une part de responsabilité dans l'échec des négociations entre son pays et les fonds « vautours », NML Capital et Aurelius.

Jorge Capitanich a commencé par pointer la responsabilité du juge new-yorkais Thomas Griesa et celle du médiateur désigné par ce dernier, Daniel Pollack. Ces deux hommes supervisaient le dialogue entre l'Etat et les fonds spéculatifs :

« Si le juge est un agent des fonds spéculatifs, si le médiateur [judiciaire] est un agent à eux, de quelle justice parle-t-on ? Il y a dans cette affaire une responsabilité de l'Etat, des Etats-Unis, qui doivent garantir les conditions d'un respect sans restrictions de la souveraineté des pays. »

Lire notre décryptage : La probable faillite de l'Argentine expliquée en quatre questions

PAS DE RÉPONSE DE WASHINGTON

M. Capitanich, chef du gouvernement argentin, lors d'une conférence de presse, le 30 juillet 2014.

Mais, au lendemain de la fin des discussions entre l'Argentine et les fonds, le responsable de l'exécutif a surtout dénoncé un système. M. Capitanich a décrit un parti pris du pouvoir judiciaire que le gouvernement des Etats-Unis n'a pas combattu :

« Du fait de leurs mauvaises pratiques, les Etats-Unis sont responsables de ne pas avoir agi de manière adéquate. Et qu'ils ne sortent pas avec l'excuse que la justice est indépendante, car elle est indépendante de la rationalité et pas des fonds vautours (...). Cela ne peut pas continuer indéfiniment. »

Washington n'a pas encore répondu à ces accusations, mais le juge Thomas Griesa a annoncé qu'une nouvelle audience aurait lieu vendredi. Ces derniers jours, les discussions à New York ont tourné au dialogue de sourds.

Les fonds « vautours » et M. Griesa ont mis en avant que l'Argentine devait respecter la loi des Etats-Unis et appliquer un jugement l'ordonnant de payer 1,3 milliard de dollars (970 millions d'euros). L'Argentine leur rétorque que si elle signe le chèque demandé, elle viole une clause figurant dans les contrats de dette restructurée en 2005 et en 2010 libellés à New York, spécifiant qu'elle devait offrir les mêmes conditions à tous les créanciers.

L'espoir d'une solution passant par des banques privées argentines ayant proposé de racheter la dette s'amenuisait, mais des banques internationales entraient en jeu, selon la presse argentine. Le ministre de l'économie argentin, Axel Kicillof, avait promis dès mercredi soir que l'Argentine allait saisir des instances judiciaires internationales « pour faire valoir ses droits ». La présidente Cristina Kirchner, elle, devait s'exprimer en fin de journée.

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