Analyse: Israël renforcé par l’élection du nouveau président argentin

Alors que les résultats des élections présidentielles argentines commençaient à prendre forme, un soupir de soulagement s’est fait entendre dans les cercles diplomatiques israéliens.

L'élection de Mauricio Macri à la tête de l'Argentine met fin à l'ère de Cristina Fernández de Kirchner, qui s'est notamment caractérisé par des tensions et une certaine animosité entre Jérusalem et Buenos Aires. Son arrivée au pouvoir a été largement saluée à Jérusalem qui y voit une double victoire : une bonne nouvelle à la fois pour Israël et pour la communauté juive du pays forte de 180.000 âmes.

Pour ce premier changement de parti à la tête du pays depuis 12 ans, Macri, le candidat de l'opposition conservatrice, a été une surprise importante : avec 51,4% des voix, il a battu le candidat désigné par Kirchner, Daniel Scioli.

Macri a notamment fait campagne pour une série de changements radicaux de la politique économique et étrangère de son pays, qui pourraient avoir des conséquences importantes pour les liens entre Israël et l'Argentine.

"Nous devons être dans le monde," a-t-il déclaré juste après sa victoire, promettant de mettre en avant l'Argentine sur la scène internationale et de bousculer les alliances régionales, principalement avec le Venezuela.

Pour Jérusalem, le nouveau régime est synonyme de changement de position de l'Argentine vis à vis de l'Iran, après des années de tensions causées par les liens étroits que Kirchner entretenaient avec Téhéran.

Macri, le maire sortant de Buenos Aires, qui est également propriétaire de l'équipe de football de Boca Juniors, entretient, lui, des liens étroits avec la communauté juive du pays. Durant sa campagne, il a promis d'annuler le protocole d'accord controversé que Kirchner a signé avec l'Iran au sujet de l'enquête sur l'attentat de 1994 dans un centre juif de Buenos Aires, qui avait tué 114 personnes et blessés plus de 500 autres.

Plus tôt cette année, la mort inexpliquée de procureur Alberto Nisman, qui avait accusé Kirchner d’avoir signé la signature cet accord pour couvrir l'implication iranienne dans les attentats pour des raisons commerciales, est devenu un scandale international.

Les responsables israéliens, qui espèrent une diminution de l'influence iranienne en Argentine, prévoient, après l'élection de Macri, un avenir radieux pour les relations entre les deux pays. Ils ont notamment rappelé sa visite en Israël l'année dernière lors d'une conférence annuelle des maires, au cours de laquelle, Macri a rencontré le Premier ministre israélien et a évoqué une éventuelle alliance stratégique entre les deux pays.

"La souffrance israélienne doit être comprise. De loin, il est facile de donner des conseils, mais vous devez être en Israël pour vraiment comprendre la situation ", avait-il dit aux journalistes. Macri est le deuxième maire de la conférence internationale des maires, parrainée par le Congrès juif américain, qui est récemment devenu un chef d'Etat. Le premier était le Premier ministre italien Matteo Renzi, ancien maire de Florence, élu en février 2014, et qui a également adopté un nouveau ton positif sur les questions israéliennes.

"Le peuple argentin a élu un vrai leader. Macri m'a toujours paru comme quelqu'un ayant une vision du monde différente et fraîche, qui pourrait conduire l'Argentine - et l'Amérique latine - dans une nouvelle direction", avait affirmé Jack Rosen, l'organisateur de la conférence des maires et président du Conseil américain pour le judaïsme mondial.

Rosen a présenté Macri, non seulement au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, mais aussi à la candidate à la présidentielle américaine Hillary Clinton, pour qui il est un des principaux donateurs.

Il convient que les espoirs de Jérusalem pour une nouvelle page dans les relations entre les deux pays avec Macri sont bien-fondés."Il est le genre de leader dont l'Amérique latine a besoin, un nouveau visage rafraîchissant, qui a une attitude différente à l'égard des États-Unis, Israël et le monde occidental.

Dans mes discussions avec lui, je l'ai trouvé très sensible et compréhensif à l'égard des arguments israéliens. Israël ne peut que se réjouir de voir un dirigeant prendre ses distances avec l'Iran et le Venezuela", a expliqué Rosen à i24news.

Par conséquent, le changement de Marci des alliances traditionnelles qu'avait forgé Kirshner est également très observé à Washington. En tant qu'homme d'affaires avisé, Marci s'est engagé à promulguer une réforme économique drastique, tout en s'engageant à ouvrir l'économie de l'Argentine sur le monde. Cela entraînerait nécessairement le renforcement des liens avec les États-Unis, ainsi que la résolution d'un litige de longue date entre l'administration Kirchner et les hedge funds américains qui a longtemps fait souffrir l'économie du pays.

"Les Kirshners étaient deux personnes en colère, qui a suscité la méfiance des Etats-Unis et du reste du monde. J'espère bien que Marci bâtira une confiance et entraînera son pays vers une ère de responsabilisation accrue et de prospérité économique ", a ajouté Rosen.

Tal Shalev est la correspondante diplomatique d'i24news

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