ANALYSE – Di Maria – Pastore : un duo argentin idéal pour le PSG ?

Alors que Di Maria devrait rejoindre le PSG et Pastore, l’autre argentin qui fusille les défenses de Ligue 1. Analyse d’un duo détonant.

Ce n'est désormais plus qu'une question d'heures avant que le PSG n'officialise l'arrivée d'Angel Di Maria dans la capitale. Mais si son arrivée excite la Ligue 1, elle aurait certainement pu refroidir Javier Pastore, l'autre Argentin du PSG, dont le profil comporte certaines similitudes. 

Ce matin, "El Flaco" s'est toutefois montré rassurant et combatif avant l'arrivée de son compatriote, déclarant : "Il m’a posé beaucoup de questions sur le club, la ville et sur la vie pour sa famille. Il a envie de venir. C’est un très grand joueur. Le plus, c’est qu’à lui seul il peut gagner des matchs importants. Si son arrivée peut me pousser sur le banc ? Comme c’est pour le bien de l’équipe, je veux qu’il vienne. Je me battrai avec lui, comme avec les autres, pour obtenir ma place de titulaire. Je peux évoluer plus bas sur le terrain, oui, mais Angel aussi. Il l’a fait au Real Madrid. Il a aussi cette polyvalence pour s’adapter."

L'occasion pour nous de revenir sur l'historique de ce duo, et d'analyser comment, justement, les deux Albicelestes pourront se nourrir l'un de l'autre sur le terrain francilien.

Di Maria ou Pastore, Pastore ou Di Maria. Voilà la question que tous les supporters parisiens se sont posés à l’été 2014, lorsque les dirigeants du Paris Saint-Germain annonçaient leur volonté de recruter le coéquipier de Cristiano Ronaldo. Car à cette époque, Javier Pastore avait déjà laissé éclater toute l’étendue de son talent, sans toutefois convaincre de par son manque de régularité.

Les deux électrons libres, utilisés comme les dynamiteurs du Real Madrid et du PSG, se ressemblaient alors énormément, ayant tous deux la capacité de pouvoir jouer dans n’importe quel secteur de jeu : dans l’axe, au milieu de terrain, sur un côté pour lancer les attaquants.

À ce moment, donc, tous savaient que si Angel Di Maria rejoignait la capitale française, Javier Pastore s’en éloignerait, car il n’y aurait pas de place pour deux joueurs aux profils semblables dans l’effectif de Laurent Blanc. Heureusement pour Pastore (qui déclarait quand même "Di Maria est un très bon joueur. S’il arrive, c’est bien pour le PSG"), Nasser Al-Khelaïfi, le président du club, mettait un terme aux négociations, déclarant :"Pour Di Maria, on a discuté avec Perez. Mais c'était trop cher, on a arrêté les discussions".

C’est d’ailleurs ce même mois, dès l’ouverture de la saison parisienne, que Pastore a profité du champ libre pour laisser enfin entrevoir toute la palette technique et la classe qu’il avait sous le pied, et dont il allait faire profiter la Ligue 1 les 9 mois suivants. Car si le rendez-vous manqué avec Di Maria a apporté quelque chose au PSG, c’est bien la révélation d’El Flaco, qui s’était - durant ses trois premières saisons – gardé de peser autant sur le jeu. Et Di Maria l’aurait certainement bloqué dans son évolution.

À défaut de l’arrivée d’un grand nom dans le secteur offensif, le PSG s’est donc appuyé sur les bonnes performances de son numéro 27 qui, aux côtés de Thiago Motta et Verratti, a apporté de nouvelles qualités à l’entrejeu parisien.

En parallèle, Di Maria, lui, faisait le pari risqué de rejoindre une équipe de Manchester United en pleine reconstruction. Habitué du jeu technique et du ballon au pied, Di Maria découvrait des Red Devils favorisant le jeu aérien et les contre-attaques propres à Van Gaal, et n’a jamais vraiment su s’imposer en Premier League. Après une saison en dents de scie où l’acclimatation fut difficile, l’Argentin de 27 ans s’est même mis à dos son coach, qui déclarait il y a peu "les joueurs doivent s’adapter à notre plan de jeu, et Di Maria ne fait pas exception. Il doit jouer dans le cadre que nous mettons en place, pas le sien". De quoi lui donner des envies d’ailleurs.

Pendant que Pastore brillait enfin en club mais peinait à retrouver la sélection, Di Maria, titulaire indiscutable de l’Albiceleste, connaissait ses premiers débuts difficiles en club.

Finalement, trois ans après sa dernière sélection avec l'Argentine, Javier Pastore a fait son grand retour avec l’Albicesleste en tant que titulaire, retrouvant Di Maria, comme l’ultime récompense d’un retour au plus haut niveau.

Dans le système de Tata Martino, le Parisien joue n°10 derrière Messi et Aguero, épaulé par le Mancunien à sa gauche. Et ça colle, puisque depuis son come-back, Pastore enchaîne les bonnes sorties. En club comme en sélection, ils peuvent tous les deux évoluer dans une ligne du milieu ou dans une ligne d’attaque. Voilà leur force. Tactiquement, les deux milieux offensifs se chevauchent mais ne se brident pas l’un l’autre, comme le confirment les statistiques, qui révèlent une grande complémentarité tactique. Pour preuve, Di Maria est le troisième destinataire préféré de Javier Pastore en sélection (46 passes depuis la fin du Mondial 2014), après Messi et Mascherano, les deux tenors de l'équipe. A l'inverse, Pastore est le second destinataire préféré de Di Maria (43 passes), dont seul Messi lui est préféré en attaque, signe de leur confiance mutuelle.

Ensemble, ils sont mêmes impliqués dans 5 des 7 derniers buts de l'Argentine (1 but, 1 passe décisive pour Pastore - 2 buts, 2 passes décisives pour Di Maria). Depuis la fin du Mondial,l'Argentin du PSG a même fait deux passes décisives à celui de Manchester United, la dernière remontant à la demi-finale de la Copa America contre le Paraguay.

Portés par un autre duo - Agüero et Messi - les deux complices élèvent chaque fois un peu plus leur niveau de jeu, et surtout, apprennent à jouer ensemble un "football champagne" qui régale à chaque apparition, l’un affectionnant la dernière passe quand l’autre brille en dribblant. Les deux hommes ne se contentent pas, en plus, d’exceller sur le terrain, mais affichent une complicité en dehors qui ne fait que renforcer l’idée qu’il n’y a pas de concurrence, mais plutôt l’essence même d’une véritable amitié.

D’ailleurs, la photo publiée sur les réseaux sociaux par Pastore au début du mois de juin - en compagnie de l’autre argentin du PSG, Ezequiel Lavezzi - avait fait couler beaucoup d’encre de la part de ceux qui y voyaient les prémices de la saison prochaine.

Si aujourd’hui, beaucoup voient le duo évoluer ensemble dans l’attaque du PSG, ce n’est pas seulement parce qu’ils s’entendent bien sur et en dehors du terrain, mais c’est aussi que le club francilien manque cruellement d’un renfort offensif.

Ezequiel Lavezzi - l’autre Argentin de la capitale - est en perte de vitesse depuis deux saisons et ne satisfait plus les dirigeants. Sollicité en Italie, il pourrait donc faire ses valises dès cet été, et laisser une place vacante, sachant que le PSG doit également surmonter la perte de leadership de Zlatan Ibrahimovic, qui va sur ses 34 ans.

Le club a donc besoin de sang frais pour relancer son duo sud–américain Pastore-Cavani, qui s’entend à merveille sur le terrain, et Di Maria présente la fiche de poste parfaite pour faire le relai et aider l’Uruguayen à s’imposer définitivement. Dans le 4-3-3 du PSG, il pourrait évoluer sur le flanc gauche de l’attaque, tout comme redescendre au cœur du jeu lorsque les milieux défensifs ont besoin d’un relai de qualité.

Son positionnement moyen durant la rencontre Argentine-Paraguay (Copa America)  témoigne d’ailleurs de son implication sur ce côté… ce qui a véritablement manqué à Paris cette saison. De quoi ravir Laurent Blanc. Et Javier Pastore, qui ne demande qu'à faire exalter son travail d'artiste devant les petits filets.

Si, lorsque le PSG a voulu recruter Di Maria, les deux Argentins se ressemblaient beaucoup, aujourd’hui ils parlent encore le même langage technique. Ils ont néanmoins tous deux profité de leurs expériences européennes pour développer de vraies différences dans leurs rôles de créateurs qui peuvent, du coup, les rendre aujourd’hui complémentaires.

Di Maria, perforant les lignes adversaires en dribblant d’un côté, Pastore en lançant ses coéquipiers d’une ouverture magistrale de l’autre, cela peut faire des étincelles, et surtout le bonheur du Parc des Princes. Car s’ils n’ont pas la même manière, l’un préfère les duels, l’autre les gestes pour les éviter, la finalité est la même : ils sont de vrais créateurs de jeu. Le Parisien est second meilleur passeur de Ligue 1 (10 passes décisives) pendant que le Mancunien occupe la troisième place de Premier League (10 passes décisives également, mais en seulement 27 matches !).

Si leur connivence n’est pas comparable à celle d’un tandem d’attaque qui se galvanise devant le but, Pastore et Di Maria sont surtout deux profils altruistes qui peuvent étoffer la palette offensive de l’équipe, dont l’apport est plus global, chacun amenant sa polyvalence entre le milieu et l’attaque, et surtout, des pépites de dernières et d’avant-dernières passes. De celles que Pastore a tant distillé cette saison. De celles qui ont régalé Ronaldo au Real Madrid.

Reste donc à savoir si les deux Albicelestes vont maintenant réussir à porter le même maillot, loin de leur terre natale, l'Argentine. Si toutes les conditions semblent requises pour que cette fois, le recrutement d’Angel Di Maria se déroule à merveille sans contrecarrer les ambitions de Javier Pastore ni de Laurent Blanc, le PSG version 2015/2016 devrait avoir une toute nouvelle saveur. Avec 9 Sud-américains dans son effectif, le club francilien aura comme un goût de football bercé au soleil.

 

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