Alliance de Madrid et Buenos Aires contre Londres : La fausseté de …


La nouvelle vient de faire sensation dans le Landerneau diplomatique mondial.

Le 26 septembre 2013, le ministre espagnol des Affaires étrangères, M. José Maria Margallo, et son homologue argentin, M. Hector Timerman, se sont rencontrés à New York, en marge de l'Assemblée Générale des Nations unies, et ont dialogué sur les convergences existantes entre les revendications de souveraineté de l'Espagne sur Gibraltar et de l'Argentine sur les Iles Malouines.

À l'issue de l'entretien, un communiqué publié par le ministère argentin des Affaires étrangères a précisé que les deux pays s'étaient mis d'accord pour joindre leurs forces face à Londres et mener des initiatives communes, demandant au Royaume-Uni d'ouvrir enfin un dialogue officiel sur ces deux contentieux séculaires, comme le prône l'Organisation des Nations unies.

Avant de tirer les conclusions de ce rebondissement diplomatique spectaculaire, il est utile :

  • 1) de rappeler brièvement le cas des Îles Malouines
  • 2) de souligner à quel point Gibraltar montre que la « solidarité européenne » n'existe pas.
  • 3) de signaler comment l'Union européenne, totalement inerte sur le cas de Gibraltar, est en revanche montée au créneau de façon inquiétante dans l'affaire tragi-comique de l'Îlot Persil au large des côtes marocaines.
     

1°) LES ÎLES MALOUINES (ou FALKLAND) : DES TERRES DÉSOLÉES... À FORTE ODEUR DE PÉTROLE

Les Îles Malouines (Malvinas en espagnol) sont un archipel d'îles désolées, battues par les vents de l'Atlantique sud, situées à 500 km au large des côtes argentines (Patagonie) et à 14.000 km de Londres (28 fois plus loin). Désertes jusqu'à leur découverte par Amerigo Vespucci au XVIe siècle, elles furent ensuite visitées par de nombreux navigateurs européens.

L'un d'entre eux, le Britannique John Strong, les baptisa "Falkland Islands" en 1690, d'après le nom d'un seigneur écossais, le 5e vicomte de Falkland. Elles ne furent cependant colonisées qu'en 1764 par des Français, sous la direction de Louis Antoine de Bougainville. Les premiers colons sédentaires, venus de Saint-Malo, donnèrent leur nom français à ces îles "Malouines", nom qui fut hispanisé en "Malvinas" par les Espagnols et les Argentins.


Après plusieurs conflits entre les revendications territoriales de l'Espagne et du Royaume-Uni à la fin du XVIIIe et au début du XIXe siècle, le Royaume-Uni finit par prendre le contrôle entier de l'archipel à partir de 1833, et y installa progressivement des colons d'origine britannique, dénommé depuis lors les "Kelpers".


Port Stanley, la capitale des Malouines / Falklands, regroupe environ 2115 habitants, soit les 2/3 du nombre total d'habitants des Îles.
 

Goose green, dans les East Falklands

Bien que près de deux siècles se soient écoulés depuis lors, l'Argentine n'a jamais cessé de contester la souveraineté britannique sur les îles Malouines, qu'elle estime être un reliquat de colonialisme, scandaleux au regard de la géographie.

La revendication sur les Malouines est l'une de celles qui unit l'ensemble des Argentins. Et c'est pourquoi, confronté à une situation intérieure (politique, économique et sociale) désastreuse, le dictateur argentin Leopoldo Galtieri ordonna l'invasion militaire des îles en 1982. Il espérait ainsi retrouver les faveurs de l'opinion publique argentine.

C'était mésestimer le caractère de Margaret Thatcher, Premier ministre britannique à l'époque. Refusant le fait accompli - et peu mécontente de redorer elle aussi son blason dans l'opinion publique britannique -, la locataire du 10 Downing Street décida d'envoyer l'armée à l'autre bout du monde pour en déloger les occupants. Elle déclencha ainsi la Guerre des Malouines, conflit armé qui fit environ 900 morts (dont 649 côté argentin) et qui se solda par la déroute complète de l'armée argentine.


Photo prise pendant la Guerre des Malouines le 1er mai 1982 : le croiseur argentin General Belgrano vient d'être torpillé par le sous-marin britannique à propulsion nucléaire "hunter-killer" HMS Conqueror. Le navire de guerre argentin sombre dans l'Océan Atlantique Sud, au milieu de radeaux de sauvetage de couleur orange dans lesquels se sont réfugiés des marins survivants. Des navires argentins et chiliens réussiront à sauver 770 hommes, mais 323 seront tués dans l'attaque.


Photo prise en 2011 : 29 ans après la guerre des Malouines, des panneaux d'informations mettent encore en garde les rares visiteurs sur le risque éventuel de trouver des mines.

S'appuyant sur une résolution de l'ONU de 1965, l'actuelle présidente argentine, Cristina Kirchner, ne cesse de demander l'ouverture d'un dialogue bilatéral avec le Royaume-uni.

Lequel a riposté par un bras d'honneur, en organisant un référendum d'auto-détermination, en mars 2013, demandant aux habitants de choisir leur statut. Lesquels ont alors choisi à... 98,8 % de conserver le statut de territoire britannique d'outre-mer.

Mais ce référendum n'est pas reconnu par les autorités argentines, qui le jugent illégitime. Les Argentins font valoir que les Îles sont encore essentiellement désertes et que les quelque 3 000 habitants sont des colons illégitimes dont le faible nombre ne saurait décider de l'appropriation d'un territoire de 12 173 km² aussi évidemment partie intégrante du territoire argentin.

10 et 11 mars 2013 : les habitants des Falklands explosent de joie à l'annonce des résultats du référendum portant sur l'avenir de la souveraineté britannique sur l'archipel. Les "kelpers" ont choisi, avec le score sans appel de 99,8 %, de conserver le statut de territoire britannique d'outre-mer.

Si la question des Malouines attire de nouveau la convoitise du gouvernement de Buenos Aires, c'est, outre la revendication de souveraineté traditionnelle, parce que plusieurs compagnies pétrolières britanniques ont obtenu des permis de prospection, qui semblent prometteuses, autour des îles.

 

2°) GIBRALTAR : LA PRÉTENDUE « SOLIDARITÉ EUROPÉENNE » AUX ABONNÉS ABSENTS...

L'Espagne a cédé Gibraltar à l'Angleterre par le traité d'Utrecht de 1713 concluant la fin de la Guerre de Succession d'Espagne. C'était l'une des compensations à l'acceptation, par Londres, de l'accession du petit-fils de Louis XIV, le duc d'Anjou, au trône d'Espagne sous le nom de Philippe V.


En obtenant ce rocher, les Britanniques se garantissaient une escale exceptionnelle pour leurs navires de guerre - grâce à la rade sous la protection du rocher -, en même temps qu'un mirador non moins exceptionnel sur le détroit entre la Méditerranée et l'Océan Atlantique. Le tout sur un territoire minuscule, d'un peu moins de 7 km².


Considérant comme une anomalie scandaleuse cette verrue britannique sur son sol, Madrid tente de récupérer Gibraltar depuis la fin du XVIIIe siècle et assure que les eaux territoriales lui appartiennent.

Mais, tout comme les "Kelpers" des Falklands, l'écrasante majorité des 30.000 habitants de Gibraltar, qui ont la nationalité britannique, refusent de passer sous souveraineté espagnole. Et le gouvernement britannique excipe de ce refus pour ne pas restituer le rocher à l'Espagne, au nom du principe d'autodétermination des peuples.

C'est encore ce qu'a dit récemment le ministre des Affaires étrangères britannique M. William Hague (ci-dessous à droite) à son homologue espagnol M. José Maria Margallo (ci-dessous à gauche).

L'Espagne et le Royaume-Uni étant deux l'Espagne et le Royaume-Uni étant deux États membres de l'Union européenne, les naïfs pourraient imaginer que cette question de Gibraltar aurait été résolue depuis longtemps grâce à la fameuse « solidarité européenne ». Il n'en est rien.

La décision du gouvernement local de Gibraltar, prise le 24 juillet 2013, de construire en mer un récif artificiel de béton, a de nouveau mis le feu aux poudres, Madrid y voyant un dispositif entravant le travail des pêcheurs espagnols. Depuis, l'Espagne a renforcé les contrôles douaniers en représailles. Madrid comme Londres ont brandi la menace de recourir aux tribunaux internationaux.
 

3°) LA TRAGI-COMIQUE « RECONQUÊTE DE L'ÎLOT PERSIL » : L'UNION EUROPÉENNE, AGENT ACTIF DU « CHOC DES CIVILISATIONS »

Si l'Espagne se montre vigilante pour lutter contre les séquelles du passé colonial lorsque celles-ci s'exercent à son détriment, - comme c'est le cas avec Gibraltar -, elle change en revanche totalement de point de vue lorsque c'est elle la puissance coloniale contestée.

Un simple coup d'œil sur la carte permet en effet de noter que, à peu près exactement en face de Gibraltar - de l'autre côté du détroit -, se trouve une enclave... espagnole sur la côte marocaine : Ceuta. (Il existe une autre enclave espagnole sur la côte marocaine - Melilla -, qui se situe plus loin à l'est, entre la ville marocaine d'Al Hoceïma et la frontière algérienne).


Avec ses 18 km², Ceuta a une superficie égale à 2,5 fois celle de Gibraltar. Or le Maroc revendique la souveraineté sur Ceuta (et sur Melilla) avec le même type d'arguments que ceux utilisés... par l'Espagne pour revendiquer la souveraineté sur Gibraltar.


La ville espagnole de Ceuta, enclavée sur la côte marocaine, est séparée du Maroc par une zone tampon et une frontière matérielle afin de dissuader les immigrants clandestins de s'y introduire illégalement.

La frontière entre l'enclave de Ceuta et le territoire marocain est constituée de 2 grilles parallèles de 3 mètres de haut, séparées par un espace viabilisé qui permet à des soldats espagnole de patrouiller.


Destinée à empêcher l'immigration clandestine, cette barrière qui ressemble à celle érigée par les Etats-Unis le long de sa frontière avec le Mexique, a été financée par l'Union européenne, donc par le contribuable français à hauteur de 17%.


Au vu de telles réalisations, on peut comprendre que les belles déclarations de « partenariat » et le projet d'« Union pour la Méditerranée » que l'Union européenne prodigue aux pays du Maghreb apparaissent à ceux-ci comme d'une parfaite hypocrisie.

Si l'on observe bien la carte, on découvre une autre curiosité, qui a failli provoquer une véritable guerre entre l'Espagne et le Maroc en 2002 : l'Îlot Persil (cerclé de rouge sur ma carte).

Cet Îlot Persil est une petite île rocheuse dont la superficie est celle de 15 terrains de football. Elle est située à seulement 250 mètres au nord des côtes marocaines et à 8 kilomètres à l'ouest de l'enclave espagnole de Ceuta. C'est une île aride et complètement déserte, qui ne reçoit que de temps en temps la visite de quelques bergers marocains. Jusqu'à preuve du contraire, son intérêt économique et stratégique est exactement égal à zéro.

Cependant, le hasard veut que, pour des raisons historiques très lointaines, cet îlot soit conjointement revendiqué par l'Espagne et par le Maroc. Pour des circonstances tenant notamment au caractère anecdotique de ce territoire minuscule, il existe en outre une réelle incertitude juridique pour déterminer quel État en a la légitime souveraineté. [cf. notamment http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8Elot_Persil ]

De ce fait, les deux États, Espagne et Maroc, étaient convenus, depuis de nombreuses années, de « geler » leurs revendications territoriales respectives.

Or ce sage compromis fut remis en question le 11 juillet 2002 lorsqu'un groupe de six soldats marocains débarqua sur l'île et mit en place un avant-poste d'observation.

Les objectifs allégués par la partie marocaine - surveiller l'immigration clandestine et lutter contre le trafic de drogue - ne convainquirent pas les autorités espagnoles. Non seulement elles avaient été mises devant le fait accompli sans information préalable, mais elles découvrirent de surcroît que les six soldats marocains avaient planté deux drapeaux sur cet îlot.


C'est ce modeste camp, établi par 6 soldats marocains sur l'Îlot Persil le 11 juillet 2002, qui allait susciter une opération massive de l'Espagne, soutenue par les accents guerriers de l'UE et de l'OTAN.

Il n'en fallut pas plus pour que l'affaire dégénère entre les deux pays. Le 12 juillet 2002, l'Espagne envoya des patrouilleurs près de la côte marocaine alors qu'un patrouilleur marocain fut aperçu à proximité d'autres îles sous juridiction espagnole.

Le 18 juillet, le conflit éclata lorsque l'Espagne prit l'Îlot Persil par la force, avec 28 unités de commandos espagnols déployés par 6 hélicoptères à partir d'Alicante.


La marine et l'armée de l'air espagnole fournirent un appui pour le moins disproportionné puisque les six Marocains n'opposèrent aucune résistance et furent tous faits prisonniers, tandis que l'Îlot Persil, grand comme 15 terrains de foot, était ainsi « reconquis ».

18 juillet 2002 : la « reconquête » militaire par l'Espagne de l'îlot Persil.


Les 6 soldats marocains furent capturés et évacués par hélicoptère vers le siège de la Guardia Civil à Ceuta, d'où ils furent ensuite expulsés jusqu'à la frontière marocaine.

Le Maroc qualifia cet acte de « barbare et colonial » et souligna l'absence de fondement juridique et légal solide prouvant l'appartenance de l'îlot à l'Espagne.

Cette guerre picrocholine ne nécessiterait pas que l'on s'y arrête si elle n'avait pas révélé une conséquence à la fois très instructive et très inquiétante : dans les heures qui suivirent l'intervention espagnole, la Commission européenne et l'OTAN apportèrent immédiatement leur soutien à l'Espagne.

Et l'Espagne fut soutenue par l'intégralité des pays de l'Union européenne à deux seules exceptions : le Portugal et la France (nous étions alors sous la présidence de Jacques Chirac).

Intervention du Premier ministre espagnol José Maria Aznar devant le parlement espagnol au moment de la la « reconquête » de l'Îlot Persil par l'Espagne. Comme l'indique en grand le bandeau de la Télévision espagnole, « LA PRÉSIDENCE DE L'UE ET L'OTAN EXIGENT QUE LE MAROC RETIRE SES TROUPES » [sic ! Il ne s'agissait que de 6 soldats. ]

Les Britanniques, notamment, apportèrent leur soutien intéressé à Madrid, trop contents de pouvoir user de cette affaire comme d'une jurisprudence à opposer à l'Espagne elle-même. La BBC couvrit elle-même l'événement avec beaucoup de gourmandise :


Si le gouvernement de Madrid s'avisait un jour de vouloir prendre Gibraltar par la force comme le Maroc avait tenté de prendre l'Îlot Persil par la force, le Royaume-Uni serait fondé à venir chasser "manu militari" les soldats espagnols de leur possession, tout comme l'Espagne venait de chasser les soldats marocains de l'Îlot Persil...

Incroyable mais vrai : c'est pour empêcher le Maroc de s'emparer de ce minuscule et inhabité îlot Persil, et le rendre à son incertitude juridique, que l'UE, l'OTAN et la quasi-totalité des États membres de l'UE (sauf la France de Chirac et le Portugal) sont intervenus pour assurer Madrid de leur soutien à l'envoi de 6 hélicoptères, de l'aviation et de la marine...

Incapables de régler l'affaire de Gibraltar qui oppose deux États-membres, l'UE et l'OTAN sont donc en revanche aux premières lignes quand il s'agit de s'opposer à un État du Maghreb.

Telle est, exactement, la logique du "Choc des civilisations". Lequel est porté par la prétendue « construction européenne » comme la foudre et la grêle sont portées par l'orage.

COMMENTAIRES

Le spectaculaire rapprochement diplomatique annoncé le 26 septembre 2013 entre Madrid et Buenos Aires, même ponctuel, surprend les observateurs. Car la présidente argentine Cristina Kirchner et le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy s'étaient fortement opposés en avril 2012, suite à la décision du gouvernement de Buenos Aires de nationaliser la compagnie pétrolière YPF, filiale en Argentine de l'entreprise espagnole Repsol. (cf. mon article de l'époque : http://www.upr.fr/actualite/monde/largentine-prouve-quil-y-a-une-vie-apres-la-mondialisation-inevitable)

Du reste, cette décision souveraine de l'Argentine de nationaliser des actifs pétroliers espagnols avait suscité un véritable branle-bas de combat scandalisé au sein des élites euro-atlantistes de la Commission européenne, du FMI, du gouvernement américain et de plusieurs gouvernements européens (cf. http://www.upr.fr/actualite/monde/argentine-la-vrai-nature-de-lue-demasquee).

Pourquoi alors cette alliance soudaine entre Madrid et Buenos Aires ?

Probablement pour 4 raisons.

1) le gouvernement argentin lorgne de nouveau, et de plus en plus, sur les "Îles Malvinas", pour des raisons pétrolières.

2) le gouvernement espagnol, chauffé à blanc par son opinion publique, a été ulcéré par la décision unilatérale des autorités de Gibraltar prise le 24 juillet 2013, de construire en mer un récif artificiel de béton, entravant le travail des pêcheurs espagnols.

3) il est probable que le gouvernement espagnol, confronté à la situation politique, économique et sociale calamiteuse engendrée par l'euro et les directives nocives de BCE et de la Commission européenne, ne dédaigne pas l'idée de détourner l'attention de l'opinion publique espagnole en faisant vibrer la fibre patriotique sur la question de Gibraltar, qui unit dans la même réprobation tous les Espagnols depuis deux siècles. C'est un stratagème politicien classique dans tous les pays du monde. D'ailleurs, si le gouvernement argentin avait tenté de récupérer les îles Malouines (ou Falkland) par la force en 1982, c'était aussi parce qu'il était confronté à l'époque à une situation politique, économique et sociale calamiteuse.

4) enfin, il est un fait que la situation politique et juridique des Îles Malouines et de Gibraltar présentent des analogies frappantes. Lors d'un déplacement en Uruguay ce mois-ci, le ministre espagnol des Affaires étrangères avait lui-même évoqué des « similitudes énormes » entre les revendications de l'Argentine sur les Malouines et de l'Espagne sur Gibraltar.

D'après le ministre, ces convergences portent sur trois points :

  • les Malouines et Gibraltar sont des territoires sujets à la décolonisation,
  • ce n'est pas le « principe d'autodétermination » mais le « principe d'intégrité territoriale » quoi doit prévaloir (façon de répliquer à Londres qui invoque, dans les deux cas, le fait que les populations concernées veulent massivement rester britanniques),
  • le contentieux doit se résoudre par la voie de la négociation entre les pays impliqués.

CONCLUSION : 5 CONSTATS ESSENTIELS

Ces deux grands contentieux que sont Gibraltar et les Îles Malouines concernent fondamentalement les trois pays impliqués que sont le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Argentine. Elles ne concernent pas la France et je ne prendrai donc pas partie entre les uns et les autres.

Cependant, ils offrent 5 constats essentiels, qui concernent, eux, directement notre pays et, au-delà, les questions de géopolitique mondiale.

  • 1er constat : la « solidarité européenne » et la « citoyenneté européenne » sont des bobards

L'Espagne et le Royaume-Uni ne sont toujours pas parvenus à régler à l'amiable la question de Gibraltar alors qu'ils sont tous deux membres de l'UE depuis une quarantaine d'années. C'est une nouvelle preuve de l'inexistence de la prétendue « solidarité européenne », tout comme de l'inexistence de la prétendue « citoyenneté européenne ».

  • 2ème constat : la fausseté de la théorie du « monde multipolaire »

L'Espagne et l'Argentine viennent de faire une alliance publique, sous les yeux du monde entier en marge de l'ONU, contre le Royaume-Uni, pour obtenir conjointement un changement de statut de Gibraltar et des Malouines. Même sans prendre position sur le fond des deux affaires, on ne peut qu'y voir une nouvelle preuve de la fausseté de la théorie du « monde multipolaire ». Comme je ne cesse de le dire depuis des années dans mes conférences, l'Espagne a beaucoup plus d'affinités et d'intérêts communs avec l'Argentine ou avec tous les pays latino-américains qu'avec l'Europe du nord. Nous en avons la démonstration sous le nez. Et l'Espagne n'est qu'un exemple. On peut trouver des cas de contradictions semblables avec tous les autres États de l'UE.

  • 3ème constat : l'UE et l'OTAN sont les 2 faces d'une même stratégie d'origine anglo-saxonne qui promeut le « Choc des civilisations »

L'Union européenne et l'OTAN, totalement inertes sur le cas de Gibraltar, réagissent en revanche avec une rare virulence - qui pourrait sans doute déboucher sur un engagement militaire - pour une affaire aussi dérisoire que l'Îlot Persil au large des côtes marocaines. C'est une nouvelle preuve que l'UE et l'OTAN constituent les 2 faces d'une même médaille et que chacune de ces structures nous conduit avec allégresse vers le « Choc des civilisations ».

  • 4ème constat : la France court un danger mortel à rester dans l'UE et dans l'OTAN

En 2002, la France dirigée par Chirac s'était sagement abstenue de soutenir la réaction espagnole sur l'Îlot Persil. Car non seulement cette réaction était totalement disproportionnée et aurait pu dégénérer en véritable guerre, mais cette affaire ubuesque ne concernait de toute façon pas la France. Cependant, en adoptant cette attitude, la France de 2002 s'était singularisée parmi les pays de l'UE puisque tous les autres, sauf le Portugal, soutinrent l'Espagne. C'est, a contrario, une nouvelle preuve que notre appartenance à l'UE et à l'OTAN est profondément dangereuse car elle ne peut conduire la France : - a) qu'à perdre de vue ses intérêts nationaux ;- et b) qu'à se laisser entraîner dans des dérives guerrières et néo-coloniales inacceptables. Les 11 ans écoulés depuis l'affaire de l'Îlot Persil, avec notre heureux refus d'approuver la guerre en Irak (sous Chirac), puis notre malheureuse participation (sous Sarkozy et Hollande) aux agressions en Libye ou en Syrie, ont amplement confirmé la gravité de ce double danger mortel pour la France.

  • 5ème constat : il faut nécessairement revaloriser le rôle de l'ONU

Que ce soit pour Gibraltar, pour les Malouines, pour l'Îlot Persil, comme pour la Syrie de nos jours, la preuve est encore faite qu'il n'y a pas de solution pacifique et juridique de long terme qui ne passe par l'Organisation des Nations Unies.

C'est la confirmation parfaite, encore une fois, de la justesse de la Charte fondatrice de l'UPR, dont je rappelle cet extrait tiré de sa conclusion :

L’UPR affirme solennellement qu’en ce XXIe siècle qui voit le triomphe des échanges et des communications d’un bout à l’autre du globe, la seule instance internationale légitime est plus que jamais l’Organisation des Nations Unies, dont le principe éthique suprême est de traiter tous les peuples et toutes les nations sur un strict pied d’égalité. L’idée même de construire, de gré ou de force, un empire européen – ou euro-atlantique – qui inclurait certaines nations et en exclurait toutes les autres constitue une erreur tragique et un contresens historique majeur, dont les conséquences sur la paix mondiale pourraient être redoutables.

François ASSELINEAU

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