Traduction du discours prononcé par Mme Diana Malamud, le 17 juillet en la Place Lavalle, Buenos Aires, Argentine. Pour les 21 ans de l'attentat contre la mutuelle juive AMIA. Elle est membre de l'association Memoria Activa, que regroupe les familles des victimes. Elle a perdu son mari Andrés Malamud architecte que travaillait à la réfaction de l'édifice de l'AMIA.
Suit une vidéo de l'acte en espagnol.
Je vous prie d'excuser les fautes de français.
MÉMOIRE ACTIVE
Une année encore, 21 ans depuis l'assassinat de nos parents et amis dans l'attentat de l'AMIA, nous nous retrouvons ici pour vous dire que vous êtes toujours avec nous. Nous sommes ici pour se souvenir, pour vous rendre hommage, pour pleurer votre mort impuni. Nous venons protester, réclamer, exiger, une fois encore, vérité et justice. Vérité et justice qui nous a été nié depuis 21 ans.
Depuis 21 ans nous avons lutté contre des puissants, comme ceux qui étaient puissants pendant la dernière dictature militaire, ils ont intenté de nous effrayer et faire taire les victimes, les familles, les proches, ils ont aussi essayé de nous diviser, de nous isoler. En démocratie, les puissants ont utilisé tous les recours juridiques, politiques et économiques, pour faire disparaître "l'affaire AMIA" et avec elle nos morts.
Depuis 21 ans nous sommes à la recherche de la vérité, cette vérité que nous ne connaissons pas encore: qui sont les commanditaires de l'attentat? qui nous ont pris nos êtres chers?, qui sont les exécutants?, qui sont ceux qui ont apporté la logistique?, qui les ont protégés?, qui sont ceux qui ont tout fait pour étouffer l'affaire?. A cette dernière questions nous avons la réponse.
Quelle est la différence entre cette année et les années passées? Cette année, plus précisément le 6 août 2015, ces personnages sinistres devront faire face à un procès pour complicité.
Ce procès pour complicité du massacre de l'AMIA pourrait être un procès historique. Seront jugés entre plusieurs autres, l'ex-président de la Nation Argentine, Carlos Saul Menem, el ex chef de la SIDE (Services de Renseignements), Hugo Anzorreguy, l'ex juge de l'affaire AMIA, Juan José Galeano, les ex procureurs de l'affaire Müllen et Barbaccia, l'ex de la DAIA (délégations des associations israélites d'Argentine) Rubén Baraja, l'ex commissaire Jorge "Fino" Palacios, le dernier propriétaire de la Traffic avec laquelle l'attentat a été perpétré, Carlos Telledin, l'ex commissaire de la police fédérale Carlos Castañeda, ex sous-secrétaire du renseignement Juan Carlos Anchezar et l'ex espion Patricio Finnen.
Ce procès pourrait être historique, si on condamnait ces puissants qui au service d'intérêts sordides, ont conspiré tout en construisant un mensonge officiel pour pouvoir clore l'affaire AMIA et nous nier pour toujours la vérité et la justice. Ce procès pourrait être historique, s'il nous permettait de nous approcher de la vérité, s'il nous permettait de savoir qui a protégé qui et pour quoi.
Ce procès pourrait être historique s'il intègre la vérité et la justice.
Les choses n'ont pas été si simples pour arriver à ce que ce procès ait lieu. Le chemin de la justice est semé d'embuches, trop des frustrations, trop de copinages, trop de personnes qui ont profité et ont fait fortune sur le dos de l'affaire AMIA. Certains sont aussi complices mais ils ne pourront pas s'asseoir sur les bancs des accusés.
La mort du procureur Alberto Nisman a mis en évidence ce que Memoria Activa dénonçait depuis longtemps: le manque d'investigation et les effets néfastes qui ont découlé, l'obstruction à la justice, l'utilisation politique abusive pendant les 21 ans écoulés et au delà de l'imaginable depuis son décès. Le manque de surveillance et d'intérêts sur le travail, où le manque de travail, réalisé par Nisman pendant 10 ans malgré les dénonciations publiques réalisées par notre association. Cette mort qui a permis la mise à jour de la préoccupante relation entre le Pouvoir Judiciaire et les services de renseignements.
A l'évidence les victimes et leur famille ont été abandonnées par les dirigeants des associations juives complices de manipulations pour occulter la vérité, ils ont intenté sauver les accusés et ils ont été absents tout au long de démarches préalables au procès aussi bien que pendant l'audience préliminaire.
Ces derniers temps ce fut de notoriété publique, la campagne médiatique pour laver de tout soupçon le juge Galeano et le transformer en victime, comme par hasard en utilisant la même agence de presse que Baraja et Nisman. Nous voulons signifier notre rejet de tous ceux qui d'une manière ou d'une autre ont participer a celle-ci. Galeano sera entaché pour toujours et Memoria Activa n'arrêtera pas de le dénoncer.
Que les coupables essayent de se faire passer pour des victimes montre le mépris qu'ils ont pour les vraies victimes et leurs familles.
21 ans depuis l'assassinat de nos parents et amis il reste beaucoup trop de choses non résolues, des pistes non suivis, des affaires judiciaires non élucidées. Les promesses de l'Etat devant la Commission Interaméricaine de Droits Humains de la OEA n'ont pas toutes été tenues et il reste l'incapacité de celui-ci à faire face avec des outils adéquats à ce type de catastrophes.
Depuis 21 ans de l'attentat terroriste contre l'AMIA nous voulons, que la justice ne soit pas en échec dans ce procès qui commence, car les familles, la société argentine et nous le méritons, parce que la mémoire de nos morts a la forme de la justice.
Nous sommes arrivés à ce procès depuis des années de luttes. Mais nous ne serions jamais arrivés tout seuls. C'est grâce à la force de toutes les personnes qui sont à nos cotés, qui nous ont donné courage quand nous avions besoin et qui nous ont accompagnés tous les lundis dans cette place et qui ont supporté le froid et la pluie mais surtout la frustration et la tristesse. Merci à tous ceux qui pendant 21 ans nous ont serré dans les bras avec amour et nous ont appris que continuer valait la peine.
Merci au nom de Memoria Activa, merci à tous pour continuer la lutte pour que justice se fasse.