A la différence de Paris ou New-York, l'esprit "clandestino" qui anime Buenos Aires n’est pas qu’un caprice marketing : il est même très ancré dans la culture locale. Car dans la ville, on a l’habitude de se cacher. Et pas seulement pour manger et danser, mais par nécessité économique. Depuis l’interdiction d’une grande partie des opérations de change en 2011, les Argentins achètent leurs euros et leurs dollars dans des cuevas, des grottes transformés en agence de change officieuses et qui peuvent se trouver dans le fond d’une pharmacie lambda ou d’un banal kiosque à journaux. Le peso se dévaluant à vitesse grand V, le marché noir des devises est devenu une réalité pour les classes moyennes et supérieures cherchant à se protéger de la tourmente économique. Quand au voyageur, c’est dans le secret de ces adresses hors-circuit qu’il recueillera les confidences de porteños, les habitants de Buenos Aires. Pêcheurs, artisans, barmen, artistes et chefs distillent la buena onda, ces légendaires bonnes ondes argentines. "O" a rencontré ceux qui "faisaient" l'âme de la ville.
Agustin pablo