27 août 2004 : quand l’Argentine terrassait Team USA avec un …

Les plus jeunes ne s’en rappellent peut-être pas, mais les anciens s’en souviennent comme si c’était hier. Il fût un temps, oui oui, où la domination américaine n’était pas aussi évidente qu’aujourd’hui. Retour sur cette année 2004, propriétaire d’un magnifique cru bleu, foncé et turquoise.

Je vous parle d’un temps, que les fans de Durant, ne peuvent pas connaître ! En 2004, la NBA et surtout la terre de l’Oncle Sam sont en pleine mutation. D’un côté, la dynastie Lakers de Shaq et Kobe tombe dans les bras des Spurs puis des Pistons, les prémices d’un divorce qui mettra longtemps à cicatriser dans les rues de Los Angeles. De l’autre, la patrie de Benjamin Franklin est encore secouée par les attentats du 11 septembre, du coup on est peu sereins lorsqu’il s’agit d’aller représenter les lettres U, S et A à l’étranger. Même s’il s’agit de l’Europe, et de la Grèce qui accueille la planète sportive pour ces sublimes Jeux Olympiques, la prudence et la paranoïa sont à un niveau rarement atteint chez le Colonel Sanders. La preuve étant, justement, que le squad envoyé à Athènes pour défendre l’or obtenu à Sydney a une gueule particulièrement bizarre. Une armée menée par Larry Brown en tant qu’entraîneur, mais avec des jeunes pousses dont on fait l’éloge en coulisses : un certain LeBron James, son copain Carmelo Anthony et le petit Dwyane Wade ? Il paraît que leur niveau est assez bon pour leur âge, whatever répond le coach fraîchement titré des Pistons. Ajoutez à cela des joueurs collectifs de rêve (Stephon Marbury, Allen Iverson, Carlos Boozer, Richard Jefferson), une star qui ne se sent même pas américaine (Duncan) et vous obtenez ce qu’on appelle un melting fuck, ou bordel ambulant dans la langue de Molière.

Il faut dire qu’en ayant totalement foiré le Mondial d’Indianapolis deux ans auparavant, la Team USA n’est plus du tout aussi intimidante qu’avant, et les nations du monde entier le sentent. Surtout un peu plus bas, au Sud, dans ce pays qu’on appelle l’Argentine. Avec une génération dorée qui a fait la maternelle ensemble, la sélection envoyée à Athènes est remarquable de complémentarité et de science basketballistique. Jugez plutôt : Andres Nocioni, Walter Herrmann, Luis Scola, Fabricio Oberto, Pepe Sanchez et Carlos Delfino. Un groupe canon qui veut la peau du vilain américain, surtout quand à sa tête se trouve tout simplement l’homme de l’année. Manu Ginobili. La NBA ne le sait pas encore mais il déroulera sur toute la campagne suivante, notamment face aux Pistons où il sera nommé MVP des Finales étincelant avec les Spurs. Mais avant cela, avant le All-Star Game, les cheveux longs et la balade des Playoffs 2005, ‘El Manu’ mènera sa patrie vers le match de sa vie, celui que tout le monde attendra en demi-finale. Team USA contre Argentine. Le grand du continent contre le petit. Le riche contre le pauvre. Les tatouages contre les Kipsta.

Trop déterminés à vouloir frapper un grand coup sur la planète orange, sentant la bête affaiblie et la cohésion américaine aussi développée que celle des Suns la saison dernière, Nocioni et ses potes feront vivre un calvaire à la troupe de Marbury, lui qui finira une nouvelle fois meilleur marqueur (?!) de son équipe avec 18 points. En face, le jeu est trop propre, trop discipliné. Les passes fusent, la défense est tenace et le spectacle est même offert par les copains en blanc. Au milieu de ces 40 minutes affolantes, voyant la terre trembler devant cette impensable défaite américaine aux Jeux Olympiques ? Ginobili, encore lui. Avec 29 points et une balade de santé qui fera passer Larry Brown pour un scout de D-League, l’arrière est tout simplement au sommet. Ses contorsions font soupirer les Américains et transpirer les fans, ses finitions coupent le souffle, l’homme a environ 4 à 5 coups d’avance sur le reste de la compétition. Le score ? Peu importe, près de 20 points d’écart qui se réduiront à une dizaine dans le garbage (89-81 au final), mais l’exploit a bien lieu : Team USA chute aux Jeux, pour la première fois depuis 1988. Sur le parquet, les copains d’enfance s’enlacent pendant que Melo et Iverson bougonnent.

Cette année-là, le monde du basket vivra un séisme comme rarement auparavant. Et si l’Argentine repartira d’Athènes avec l’or, c’est bien Team USA qui vivra cette médaille de bronze comme un affront, reconstruisant totalement son système autour de Colangelo et Coach K. Oui, il fût une époque où l’Argentine était la meilleure équipe au monde, et Manu Ginobili était sa plus belle étoile.

Source image : sinvellocastellon.es

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