26 janv. 2016, PAR Acteurs Publics

Le président de la République d’Argentine, Mauricio Macri, élu le 10 décembre dernier, a créé un ministère de la Modernisation de l’État. Il entend ainsi accélérer la numérisation des services de l’État, comme il l’a fait à partir de 2012, lorsqu’il était le maire de Buenos Aires, de 2008 à 2015. Il avait alors instauré le sous-secrétariat de la modernisation de l’État du gouvernement de Buenos Aires, conduit par Andrés Ibarra. Ce dernier, qui a par le passé dirigé une entreprise de la construction puis une autre de services postaux appartenant toutes deux au groupe Macri, a été nommé à la tête du nouveau ministère.

Discret, Andrés Ibarra s’est surtout occupé, depuis sa prise de fonction, du non-renouvellement de 11 878 contrats de travail au sein de l’administration argentine. Selon le Président Mauricio Macri, certains organes de l’État étaient devenus depuis peu des “bastions de militantisme”, fidèles à l’ancienne Présidente Cristina Kirchner. Ces licenciements ont en effet eu une consonance politique, ayant visé en particulier le Sénat – dont les effectifs avaient fortement grossi sous la présidence d’Amado Boudou (2011-2015) –, mais aussi l’autorité audiovisuelle nationale, jusqu’à présent dirigée par un autre fervent “kirchneriste”, Martín Sabbatella, ainsi que le Centre culturel Néstor Kirchner, inauguré quelques semaines avant les élections.

Suppression de postes administratifs à Buenos Aires

Ces trois dernières années, le nombre de contrats a augmenté de façon exceptionnelle au sein des ministères et des organismes décentralisés”, confirme Jimena Marseillan, proche collaboratrice d’Andrés Ibarra. Ces jours-ci, son équipe prend ses marques à la tête de l’administration nationale, examinant les situations au cas par cas.

Quel panorama s’ouvre aux fonctionnaires argentins sous la férule d’Andrés Ibarra ? Ce qu’il a fait à Buenos Aires en tant que sous-secrétaire à la modernisation de l’État éclaire ce qu’il devrait appliquer au niveau national. Le nombre total d’employés municipaux de la ville de Buenos Aires est resté le même après les deux mandats de Mauricio Macri comme maire”, mais les postes liés aux services directs aux citoyens (santé, éducation, police) ont augmenté de 21 %, avec la création de 16 911 postes, tandis que les postes administratifs ont diminué de 19 % avec 8 260 postes supprimés, essentiellement par le non-renouvellement de postes après départ à la retraite”, détaille Jimena Marseillan.

À Buenos Aires, nous avons mis en place une nouvelle gestion des carrières administratives pour les fonctionnaires qui tient compte de leur formation et de leur performance comme critères de promotion”, ajoute-t-elle, en précisant : Nous ferons de même au niveau national.” Les fonctionnaires pourront faire carrière grâce une politique active de concours et de la formation professionnelle continue à tous les niveaux”, assure Jimena Marseillan.

Ressources humaines, achats, e-services…

Par ailleurs, à Buenos Aires, aujourd’hui, toutes les démarches sont numérisées, depuis le paiement des impôts et des amendes pour infraction jusqu’au registre de l’état civil. Plus de 400 bornes Wi-Fi libres et gratuites ont été installées en ville et des applications Web de services aux citoyens ont été développées. Dans le secteur de la santé aussi, les prises de rendez-vous sont numérisées dans les centres de soins primaires.

Le ministre Andrés Ibarra a aussi l’intention d’intégrer tous les systèmes informatiques de l’administration nationale, comme ceux des ressources humaines, de la gestion de la documentation électronique, des achats, etc., y compris les sites Internet des organismes d’État et leurs applications numériques.

En attendant, certains fonctionnaires argentins se sentent persécutés dans une chasse aux sorcières d’ordre idéologique. “Nous sommes inquiets car nous ne savons pas ce que le ministre a l’intention de faire”, témoigne une fonctionnaire du ministère du Développement social, citant le cas de certains de ses collègues ayant des années d’expérience mais qui sont dépourvus du statut de fonctionnaire et donc ne bénéficient pas de la sécurité de l’emploi. Sauf exception, les postes à statut plein ont été gelés depuis 1995 par une loi d’urgence économique qui n’a pas été abrogée depuis”, rappelle cette fonctionnaire.

Sur un total de 377 225 employés de l’administration publique nationale argentine recensés par l’Institut national de statistiques (Indec), une grande partie sont des contractuels. Le ministre Andrés Ibarra ne s’est pas prononcé sur leur sort.

Marc-Henry André, à Buenos Aires

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