13eme festival international du jazz de Constantine : « Cumbia Ya …

Soledad Roméro et Augusto Ramos sont revenus une seconde fois à Constantine pour animer une autre soirée du Dimajazz, Festival international du jazz qui se poursuit jusqu'au 3 décembre 2015. Dimanche soir, la grande salle Ahmed Bey a été plongée dans une grande ambiance avec la musique colombienne du groupe « Cumbia Ya ! ».


« Cumbia Ya ! » au 13eme festival Dimajazz/Constantine/2015 - Montage Vidéo Kizoa

Soledad Roméro et Augusto Ramos sont sans doute les plus colombiens des argentins. Née en Colombie au XVIIème siècle, la cumbia, qui a plusieurs variantes en Bolivie, au Pérou, au Panama, en Argentine et à Cuba, est une musique dansante populaire d'origine noire. Elle a été « alimentée » par les indiens d'Amérique et par les espagnoles.

 Au fil du temps, cette musique est devenue de plus en plus festive ressemblant parfois à la salsa. « Cumbia Ya ! », qui existe depuis treize ans, est un groupe composé d'une douzaine de musiciens de différentes nationalités (brésiliens, français, marocains, colombiens, argentins...) qui reprend la tradition de la cumbia en y ajoutant des sonorités jazz avec toutes les possibilités d'improvisation.

C'est d'une telle ouverture ! Sur scène, les trompettes rejoignent la clarinette, le trombone, le congas, les timbales, les sax baryton et ténor, les maracas et la tambora pour créer une incroyable alchimie. Un éclat de sonorités, des couleurs mélodiques et des rythmes accélérés marquent la musique de Cumbia Ya ! Le groupe revendique haut et fort la devise : « réparateur instantané du moral » !

 Le public du Dimajazz la vite compris le message en se livrant à de longues « séances » de danse. « Nous aimons la cumbia parce qu'elle regroupe trois continents, l'Afrique, l'Amérique du sud et l'Europe. Nous sommes ravis de se retrouver et de se regrouper autour de cultures et d'origines différentes. Nous voulons représenter les compositeurs de la cumbia des années 1950 en ajoutant nos propres compositions et en gardant la simplicité et le rythme entraînant. Une musique qui parle au public. Le public est plus important que l'endroit où l'on joue. Ici, la salle est neuve. Il faut l'imprégner de vibrations et de musique », a souligné Soledad Roméro.

Le groupe, qui développe la cumbia sous forme orchestrale, fait beaucoup de recherche sur les musiques. « En Colombie et en Argentine, tous les rythmes qui existent sont venus d'Afrique. Il y a eu beaucoup de mouvements de migration vers ces pays. Quand Lucho Armon a composé le morceau « Minaret » en 1956, il voulait rendre hommage à l'échange culturel avec les arabes venus aux pays. Aujourd'hui, nous voulons ramener des musiques nés en Amérique du sud vers d'autres lieux », a relevéAugusto Ramos. Pour son nouvel album, le groupe a introduit des instruments maghrébins (grâce notamment au musicien marocain Ali Fadelane). « Notre but est d'intégrer tous les membres du groupe avec leurs bagages culturels. Et chaque fois que nous faisons un pas vers une culture, c'est une grande porte qui s'ouvre. Nous avons crée le groupe à Paris pour retrouver le soleil et la joie de vivre. C'est notre point de départ », a noté Augusto Ramos.

 Soledad Roméro a insisté sur le caractère populaire de cette musique. « C'est une musique née des tambours d'esclaves africains chantant pour se libérer. Des compositeurs ont amélioré cette musique qui, petit à petit, est entrée dans les salons, les hôtels. Des big bands ont été crées. Pour nous, la cumbia doit rester populaire, accessible à tout le monde. En Argentine, le tango est né dans les bidonvilles, dans les bas quartiers. Il a été adapté par la haute société. Le tango s'est exporté après à d'autres régions du monde. La cumbia fait bouger qu'on connaisse la musique ou pas, cela n'a pas de prix. Cette musique fait bouger les personnes âgées et les enfants à la fois ! C'est donc un langage universel. Dans nos textes, nous chantons la joie, l'amour, les retrouvailles, la nostalgie, les chagrins...», a-t-elle expliqué disant que la cumbia est la musique des grands parents. D'où le souci de maintenir la tradition.

« Populaire, cela veut dire actuel. C'est là que ça vit », a repris, de côté, Augusto Roméro. Soledad Roméro est chanteuse et joueuse de clarinette alors que Augusto Ramos, chanteur également, joue du trombone. Cumbia Ya ! a fait plusieurs tournées en Argentine, en Belgique, aux Etats Unis, en France... « Le Dimajazz Constantine est l'une de nos plus importantes expériences en tant que musiciens et en tant qu'êtres humains. Le public algérien est particulièrement chaleureux », a confié Soledad Roméro. Fayçal Métaoui

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